Éco-système et interdépendance
par Serge Orru
Résumé
Les premières stratégies de développement durable ont émergé sous l’effet de contraintes extérieures. Aux crises, comme celle de Bhopal ou de la plate-forme Brent Spar, ont succédé de récents évènements climatiques extrêmes comme la canicule de l’été 2003, ou l’ouragan Katrina ainsi que des évènements médiatiques comme la nomination du GIEC et d’Al Gore au prix Nobel de la paix.
Les moyens de communication sont rapides, efficaces ; les parties prenantes sont organisées et le vert à très bonne presse. L’heure est à l’immédiateté.
La société civile, les media participent fortement de l’émergence de l’attention du citoyen, du consommateur, à la prise en compte des enjeux environnementaux par le monde de l’entreprise. Par effet cascade, ce sont des secteurs entiers qui peuvent évoluer. Les cahiers des charges des fournisseurs et sous-traitants changent ; les entreprises concurrentes suivent le nouveau leader vert… Le législateur peut et doit encore accélérer les choses.
Ce concert des parties prenantes peut être orchestré pour faire évoluer l’entreprise. Un éco-système se met en place dans lequel les ONG comme le WWF apportent leurs contributions mais aussi et surtout sont un aiguillon indéfectible.
La situation se tend aujourd’hui. Crise environnementale et crise énergétique cumulent leurs effets ; la crise alimentaire s’en mêle. Ainsi, la mondialisation a renforcé l’interdépendance des acteurs. Il n’y a pas d’éthique individuelle sans dimension collective.
L’environnement extérieur a de ce fait un poids plus important sur l’éthique de l’entreprise. En face, celle-ci semble vouloir aussi participer de l’évolution de son environnement extérieur : actions de sensibilisation du consommateur, produits et services intégrant des exigences environnementales…
On constate donc actuellement une certaine régulation. Les forces classiques s’exerçant sur l’entreprise ont intégré de nouvelles problématiques au sein de cet éco-système.
Alors les défis sont relevés ou en passe de l’être ? La route est encore longue, très longue et le risque de connaître un monde chaotique croit.
Pour quelques pas en avant, on subit aussi des pas en arrière – souvent par manque de cohérence. Le législateur doit assumer son rôle de cheville ouvrière dans cette dynamique entre l’environnement extérieur et l’entreprise. La discussion de la loi de programmation relative au Grenelle de l’environnement au Parlement permettra – ou non – l’expression de ce rôle.
Il nous faut donc accélérer le rythme pour appliquer les bonnes pratiques et les technologies existantes avec l’aide du législateur et faire évoluer nos valeurs, nos schémas de réussite personnelle par le concert d’éthiques individuelles, fruits de l’insurrection des consciences.