Facil cosa è farsi universale
par Serge Bramly
Résumé
Facil cosa è farsi universale. La célèbre phrase de Léonard — « il est facile de devenir universel » — a été abondamment citée, voire détournée de son sens. Qu’entendait-il au juste par ces mots ? En les replaçant dans leur contexte (une étude comparée des proportions), on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas là d’une bravade d’ingénieur ou de philosophe, mais du corollaire d’un conseil plus modeste que l’artiste donnait à ses disciples : celui qui connaît les muscles, les nerfs et les os de l’homme pourra aisément représenter la plupart des animaux, en procédant par déduction et analogie. A partir de ce texte, le mode opérationnel de Léonard, sa fameuse « méthode », peut mieux s’analyser, de même que son programme : comment, avec patience et rigueur, faut-il exercer son regard et sa main, de même que sa mémoire et son imagination, afin de saisir toutes les formes. L’œil et le crayon, comme outil d’investigation : l’universalité de Léonard débute ainsi… Dans la dernière partie de l’exposé, la notion même d’universalité sera abordée, avec cette distinction : farsi universale, «se faire universel» autant que possible, c’est désirer percevoir et comprendre l’univers, avant d’espérer délivrer un message à valeur universelle.